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PRISE EN CHARGE GLOBALE DE L’ATOPIE - COMPRENDRE MON ATOPIE

Comprendre-mon-atopie

« Comprendre mon atopie » par le Dr Toni Ionesco, dermatologue à Paris

Démangeaisons, sècheresse cutanée, plaques rouges… les symptômes de la dermatite atopique sont multiples, alternant périodes de poussées et périodes d’accalmie. Cette maladie inflammatoire concerne 1/3 des consultations chez les dermatologues.
Docteur Toni Ionesco, dermatologue, vous explique sur notre chaîne Youtube quels sont les effets de la dermatite atopique sur votre peau, et surtout, quelles solutions apporter à cette maladie de peau.
 


► Quelle est la définition de la dermatite atopique ? Et celle de l’eczéma ? L’eczéma, le rhume des foins et l’asthme sont-ils liés ?

La dermatite atopique est définie par une peau sèche qui a la tendance à réagir aux allergènes de l’environnement par une inflammation et des démangeaisons. Quand la réaction de la peau est importante – des rougeurs et de petites vésicules apparaissent à la surface de la peau, on parle de l’eczéma atopique.

La notion d’atopie implique des antécédents d’atopie familiale liés à de l’eczéma ou à un asthme allergique ou a un rhume des foins (rhinite allergique). Ces affections peuvent coexister chez le même individu.

​► La dermatite atopique est-ce un problème fréquent de la peau ? Quels sont les symptômes, les signes, les différentes formes et les complications de la dermatite atopique ?

La dermatite atopique est l’une des maladies de la peau les plus fréquentes : en France environ 20% des enfants et de 3 à 5 % des adultes souffrent de cette maladie. Il s’agit d’une prédisposition innée à avoir constamment une peau sèche à très sèche, facilement réactive aux irritants externes, à la poussière, au latex ou autres substances allergisantes, avec des périodes de poussées d’eczéma : rougeurs et démangeaisons apparaissent au niveau des membres et / ou du visage chez l’enfant, du visage et surtout des plis chez l’adulte.

Si les poussées sont plus inflammatoires on voit apparaitre des plaques d’eczéma : rougeurs, démangeaisons importantes, petites vésicules remplies d’un liquide clair qui éclatent facilement en laissant derrière une peau suintante qui peut se surinfecter.

La surinfection représente une complication de l’eczéma atopique, la bactérie la plus souvent rencontrée est le Staphylocoque doré qui domine le microbiome de la poussée d’eczéma. Chez certains individus les rougeurs et les démangeaisons se prolongent pendant des mois voire des années, on parle de l’eczéma chronique.

​► Comment évolue la dermatite atopique ? Si un enfant a de l’atopie, en aura-t-il toute sa vie ?

Dans la plupart des cas les lésions débutent vers l’âge de 2 mois et évoluent vers des formes plus ou moins sévères de dermatite atopique, mais environ 85 % des enfants s’améliorent progressivement vers la puberté, environ 15 % d’entre eux présentent encore à l’âge adulte une peau sèche et des poussées d’eczéma (notamment au niveau des plis).

​► Quelles sont les causes de la dermatite atopique ?   

Il s’agit avant tout d’une prédisposition génétique : un enfant aura un risque de 50% de développer une dermatite atopique si un parent est atopique, le risque monte à 80% si les 2 sont parents sont atopiques. Il s’agit d’un déficit de barrière de la peau qui est plus perméable aux agressions externes d’un côté et qui laisse s’évaporer plus facilement l’eau de l’autre côté (une perte insensible en eau plus importante, ce qui explique une peau sèche à très sèche). 

La pénétration plus facile des différentes substances allergènes et des irritants se fait plus facilement et induit une inflammation.

Sur ce type de peau le microbiome est aussi perturbé : le staphylocoque doré se fixe plus facilement, les peptides antimicrobiens sont moins bien sécrétés dans la peau atopique par rapport à la peau de la population non-atopique. Sur ces causes bien connues s’ajoutent des facteurs aggravants responsables de l’induction des poussées d’eczéma : le froid, les allergènes alimentaires (comme les fruits de mer, les œufs, le chocolat etc) ou les allergènes appliqués sur la peau (parfums, alcool, cosmétiques non-adaptés), les infections, le stress.

​► Comment traite-t-on la dermatite atopique et l’eczéma ? Comment prévenir ou soigner les crises ? Quel est le rôle des émollients et de l’hygiène ?

La prise en charge globale de la dermatite atopique répond parfaitement à toutes ces questions, elle commence par l’utilisation la plus précoce des émollients (dès la naissance chez les enfants prédisposés): utilisés toute l’année les émollients ont un rôle clé dans la préservation de la barrière de la peau, dans l’espacement des crises.

Les mesures d’hygiène sont très importantes aussi afin de préserver la barrière de la peau, surtout ne pas l’agresser : prendre des douches ou des bains en évitant l’eau trop chaude et éviter les nettoyants à base de savon, préférer les syndets surgras (appelés aussi des « savons sans savon » comme des gels nettoyants ou des huiles nettoyantes ou des pains dermatologiques), à bien rincer, bien sécher la peau après, sans frotter. On conseille d’utiliser uniquement des vêtements en coton en contact avec la peau.

Les crèmes ou les pommades à base de cortisone sont prescrites uniquement pour la période des poussées d’eczéma, pour les formes chroniques d’eczéma on peut appliquer ces médicaments en discontinu (uniquement les weekends).

En cas de surinfection on applique des antibiotiques locaux pour des courtes périodes (comme la crème à base d’acide fusidique).

Il est important aussi d’identifier l’agent responsable des poussées (ex. la poussière ou des aliments etc), par la réalisation des tests allergologiques chez les adultes et chez les enfants plus grands - en dehors de toute poussée.

Il faut aussi éviter les surfaces qui peuvent accumuler de la poussière, préférer des surfaces lisses faciles à nettoyer.

Les traitements immunosuppresseurs locaux comme la crème tacrolimus sont réservés aux cas résistants aux corticoïdes locaux notamment pour le visage.

La thérapie par les rayons ultraviolets dans les unités spécialisées de dermatologie – la photothérapie- est indiquée pour les zones étendues résistantes aux traitements locaux chez l’adulte et aussi chez l’enfant mais uniquement après l’âge de 8 ans).

​► Quels sont les traitements de l’eczéma sévère, chronique en cas de résistance aux traitements que vous avez décrits ?

Depuis quelques années, des thérapies très efficaces de la famille des biothérapies montrent des effets positifs chez les adultes et plus récemment chez les adolescents atteints de dermatite atopique sévère résistantes aux traitements classiques. C’est l’exemple du médicament injectable dupilumab. D’autres familles de médicaments administrés par voie orale sont en cours de développement chez l’adulte comme les anti-PDE, anti-JAK, anti-TYK.

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